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bras d'honneur à moscou, 
władysław kozakiewicz

Un contexte géopolitique tendu...

A l’instar des Jeux olympiques de Berlin en 1936, les JO de Moscou de juillet 1980 s’ouvrent dans un contexte géopolitique de fortes tensions. En effet, en 1979, l’URSS envahit l’Afghanistan dans le but de soutenir les communistes présents dans le pays. Les États-Unis, qui ne sont pas directement engagés sur le front, mettent tout de même en garde l’URSS : si Moscou s’entête trop en Afghanistan, Washington boycottera les Jeux.

Le président du comité olympique Michael Morris tente de « calmer le jeu » entre le président Carter et le Secrétaire général Brejnev mais les États-Unis ne concèderont rien tant que l’URSS ne se sera pas retiré d’Afghanistan.

 

En soutien aux États-Unis, pas moins de 66 pays invités décident de boycotter les JO de Moscou. 

Malgré le faible taux de participation (seulement 80 nations sont présentes), les JO de Moscou connaissent de nombreux records mondiaux (bien plus que les JO précédents de Montréal). Entre autres records, celui du perchiste Wladyslaw Kozakiewicz nous intéresse ici particulièrement.

Wladyslaw Kozakiewicz faisant un bras d'honneur à une foule

« Koza », un perchiste polonais...

Wladyslaw Kozakiewicz naît le 8 décembre 1953 en Lituanie. Ses parents s’installent très vite à Gdynia, en Pologne, où son père est docker. Le jeune polonais se fait remarquer notamment aux Championnats d’Europe en 1974 où il se classe 2ème. A Varsovie en 1975, celui qui est surnommé « Koza » bat le nouveau record européen à 5m60.

A cette époque, les performances des perchistes progressent régulièrement et les détenteurs de records se succèdent, passant notamment par les mains de français (Thierry Vigneron, 5,75 et Philippe Houvion, 5,77) et souvent par les mains de Koza.

Wladyslaw Kozakiewicz assis jambe écartés et main derrière la tête.

30 juillet 1980 : le jour de la consécration 

30 juillet 1980. Stade Loujniki. Jour de concours du saut à la perche...

Koza concourt donc pour la délégation de la Pologne. Le soviétique Konstantin Volkov est identifié comme étant le grand favori. Lors de leur précédant « bras de fer » pendant les championnats d’Europe en 1979, Koza remporte l’or et Volko l’argent.

 

Ici, le stade est rempli et la foule en délire. Les enjeux du sports associés à ceux de la société créent une ambiance électrique. En effet, les relations entre la Pologne (perçue comme l’enfant rebelle) et le « grand frère soviétique », historiquement complexes, se tendent un peu plus encore cet été 1980. La Pologne connaît une vague insurrectionnelle du fait d’une augmentation massive des prix. Koza est montré du doigt, violemment hué lors de chacun de ses sauts. 

 

Le précédent record olympique est de 5m50. Ce jour, 4 athlètes franchissent la barre de 5m65 (Koza, Houvion, Volkov et Slusarski). Malgré les tentatives de déstabilisation ciblées et répétées, Koza reste digne, concentré, de marbre. Il franchit la barre de 5m70 au premier essai. Il sera le seul. Le titre est pour lui, il le sait, ses concurrents ayant perdu trop d’énergie sur les barres précédentes. Alors la joie immense du polonais explose. Pris par cette émotion, et tant d’autres sans doute, il gratifie la foule d’un majestueux bras d’honneur. 

L’histoire ne s’arrête pas là. Il s’élance pour son deuxième saut et franchit la barre des 5m75. Le record olympique est battu et accompagné d’un cri à la foule : « Maintenant, vous pouvez m’embrasser le cul ».

 

Koza est seul à s’élancer, pour une barre à 5m78. Après une première tentative échouée, le second essai est le bon et le record mondial est battu. A ce moment précis, Koza mesure-t-il la portée de ses actes et paroles ?

Wladyslaw Kozakiewicz lors d'un saut à la perche.
Retour à la réalité

Pour les soviétiques, Koza a fait insulte à la grandeur de l’URSS et celui-ci n’a pas le temps de monter sur le podium qu’une commission est organisée pour juger les actes. Koza ne comprend pas et ne semble pas percevoir les enjeux. En revanche, sa nation, la Pologne, doit prendre position. Plusieurs hypothèses et interprétations sont formulées : simple spasme musculaire, geste de célébration ritualisé ? Sur le plan sportif, le débat s’éteint. Sur le plan politique, c’est autre chose...

 

Pour les polonais, Koza devient un véritable héros national, se dressant fièrement contre l’URSS, affrontant une foule de 70 000 personnes. Koza devient un symbole, dès lors très utilisé par Solidarnosc. Sa notoriété traverse toute l’Europe. Koza devient une star. 

Néanmoins, sa nation lui fait vivre bien autre chose. La Pologne lui retire son passeport, le disqualifie régulièrement... Tour devient compliqué, Koza ne gagne plus rien, alors qu’un autre perchiste commence à faire parler de lui, un certain Sergueï Bubka… En 1985, après un ultime coup de pression de la part du gouvernement polonais, Kozakiewicz, qui a tant fait pour son pays et ne demande qu’à continuer sa passion, décide de quitter la Pologne. Il s’exile en Allemagne, à Hanovre précisément. En 1986, il obtient la nationalité allemande. Dernier acte « expulsif » de la Pologne, le père de Koza est délogé de chez lui et ses comptes en banque sont fermés. Il rejoint alors son fils en Allemagne.

 

Koza ne s’est jamais considéré comme un héros, et il affirme que son acte est adressé à la foule et à l’URSS. Pour des millions de polonais, hongrois, tchèques, et autres citoyens du « mauvais côté du rideau de fer », Koza reste un modèle de lutte et un héros.

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